Des gueules de ressuscitées

Pour une Retraite de l’Alliance proposée par l’Arche, nous nous retrouvons au couvent des sœurs de Salvert. Il fait un automne splendide, les arbres sont de feu. Les sœurs, 75 ans de moyenne d’âge, nous accueillent très chaleureusement. Elles sont vraiment joyeuses, elles ont libéré leur propre chambre pour les retraitants, reprenant les anciennes moins confortables. Je me retrouve dans celle de sœur Marguerite. Il y a un bouquet de fleur est des bonbons.

Le premier soir, elles nous donnent un témoignage qui commence par : « il y a deux ans, on voulait juste mourir… ». En effet, la vocation de cet ordre est l’accueil d’enfants orphelins et, les sœurs vieillissant, la gestion des maisons de l’enfance dépendantes du couvent étaient passées aux mains de salariés extérieurs. Nos amies se sentaient vieilles et inutiles. A la recherche d’un renouveau, elles partent à Trosly pour une session Identité et Mission. Là, elles partagent en petits groupes sur le sens de leur engagement et elles se donnent les unes aux autres des témoignages de vie. Et surprise ! Elles découvrent qu’après 50 ans de vie commune, elles ne se connaissaient pas… Elles se découvrent et ça les met complètement en joie. Elles retournent à leur couvent avec les cœurs comme ceux des apôtres à la Pentecôte. Elles reprennent de l’activité, soutienne les maisons de l’enfance ; la joie est revenue dans le couvent.
La doyenne des sœurs, 95 ans, conclut le témoignage en disant de sa petite voix fêlée: « et maintenant, on veut plus mourir… »

J’aurais bien voulu que Nietzsche soit là pour voir ces « gueules de ressuscitées », comme il dit.

#ALM026